Le sport est avant tout le jeu. Et si jouer n’est pas toujours faire du sport, faire du sport c’est toujours jouer !
Qui, se trouvant en bas d’un escalier avec son frère ou un copain, n’a pas dit « le premier en haut a gagné » ? Qui n’a pas fait glisser des pièces de monnaie sur le sol en direction d’un mur pour en être le plus près (sans le toucher) en attendant le départ d’un avion retardé ? Qui n’a pas défié un copain d’effectuer plus de « jongles » que lui avec un ballon, une boule de papier ou n’importe quoi d’autre ?
Ces exemples montrent le rapprochement qu’on fait instinctivement entre jeu et sport. On joue, certes, mais souvent au prix d’un certain effort physique et toujours en comptant les points.
La réplique de Peyo Soudre lors d’un stage de formation au monitorat de tennis en 1975 à Montereau m’avait ouvert les yeux. Alors que Peyo et moi jouions avec une balle en attendant la prestation d’un intervenant, une de nos collègues nous exhorta à ne pas nous « comporter comme des gamins » ! Peyo lui rétorqua sèchement: « Veux-tu dire que le jeu est réservé aux enfants ? »
Non le jeu n’est pas réservé aux enfants. Pablo Neruda nous met en garde: « L’enfant qui ne sait pas jouer n’est pas un enfant mais l’homme qui ne sait pas jouer a perdu pour toujours l’enfant qui vivait en lui et qui lui manquera à jamais. »
J’ai toujours joué. Et, très tôt, j’ai fait du sport.
Enfant, j’entendais bien des « Vas-y Bobet » et des « Il se prend pour Fangio, celui-là » mais je ne comprenais pas pourquoi.
De 10 à 14 ans je jouais au tennis et au football. J’admirais des champions, comme Michel Jazy et Guy Périllat, mais n’étais pas encore passionné ! Mes quelques dispositions pour le tennis ayant été repérées, je m’entraînais sans autre but que de progresser et donc de me donner plus de chances de gagner. Mais pas d’objectifs à moyen terme. Seules les études comptaient à l’époque! Mon père m’emmenait régulièrement à Roland-Garros.
A 20 ans, je m’intéressais aux résultats de tous les sports et j’allais régulièrement au stade.
A 30 ans, installé dans la vie professionnelle, ma passion pour le sport continuait de grandir et je ne manquais plus aucun article de l’Equipe (que j’achète tous les jours depuis l’âge de 14 ans – 35 centimes) et j’aimais analyser, comparer, étudier les palmarès, l’histoire des sports, des stades…On pouvait encore suivre l’actualité de tous les sports.
Depuis les années 2000 il a fallu se spécialiser. Maintenant, je ne suis régulièrement que le tennis, le biathlon, le ski alpin, le golf, le squash et le snooker. Pour les autres sports individuels ou collectifs, je ne m’intéresse qu’aux phases finales nationales ou internationales … ou aux résultats des copains ou des sportifs et des équipes que j’admire !
On peut être un sportif sans s’occuper de tout ce qui se passe autour du sport, mais on n’est plus un sportif si on abandonne la pratique, source de plaisir et d’émotions et tellement bonne pour la santé … sans oublier que ce n’est qu’un jeu.
Bruno Renoult